Transmettre une entreprise, la léguer à sa descendance, rare sont créateurs d’entreprises qui ont réussi cette gageure. Généralement l’activité se meurt. Quelques reprises en coopérative par les employés réussissent, mais la confrontation avec la réalité et la dureté des marchés dans un monde en mouvement, conduisent le plus souvent à des échecs. Mais Darbon SA a accru son volume d'activité. Témoignages d'une succession réussie |
||
Alain Darbon avait créée cette belle unité d’usinage de précision de pièces métallurgiques de petites et de grandes dimensions qui se dresse au-dessus du chemin des cours basses. Il l’avait lancée en 1979, Josiane son épouse à ses côtés pour la gestion administrative de l’affaire, dans un atelier aménagé dans l’ancienne grange de ses beaux-parents. 100 m2 qui en deviendront 400 en 1985, lorsqu’il construira, lui-même, un second espace sur un terrain privé, puis 1200 m2 avec l’agrandissement en atelier-relais par la communauté de communes. L'atape du numérique Alain et Josiane vont développer leur clientèle, embaucher des compagnons et adapter leur parc machines. « Le numérique a constitué une étape importante, une révolution pour l’entreprise et pour nous qui avions débuté avec du matériel classique. Il fallait former les gens. Mais j’ai toujours gardé une ou deux anciennes machines pour des usinages ponctuels ou en dépannage » confie Alain Darbon. L’entreprise comptera 4 employés, lorsqu’Alain et Josiane songeront à se retirer des affaires. Mais pour quel successeur ? Alain ne parvenait pas à accepter l’idée que son entreprise, l’œuvre de sa vie, puissent disparaitre ou être léguée hors du milieu familial. Il y avait bien un projet de reprise en autogestion par deux de ses employés mais qui ne calmait pas ses inquiétudes. L’une de ses filles, Coralie, occupait la fonction de responsable du service export en pièces détachées dans une entreprise spécialisée dans le contrôle de la verrerie. Son conjoint, Yann Darras, titulaire d’un BTS en électrotechnique, suivi d’un BTS commercial, était responsable technique, accompagnait et assistait les clients de son entreprise sur le plan national, dans l’installation et la mise en route des lignes de production. Le jeune couple, performant chacun dans sa fonction, devint alors la cible de pressions paternelles. Changement de génération et de méthodes
|
Etre accepté dans l'entreprise « Il est vrai que cela a changé. Je me sentais plus concerné par l’atelier. J’étais plus sur les machines parce que j’aime toucher la mécanique. Peut-être trop, confirme Alain. Je n’aimais pas trop ce qui était administratif. Quand Josiane (son épouse) n’était pas là, je répugnais à répondre au téléphone... Yann allie bien d’autres compétences, il est performant sur le commercial, dans le relationnel et avec Coralie ils font une bonne équipe ». « Ma plus grande inquiétude, dira Yann, pour moi qui ne venait pas de la métallurgie, quand bien même ma formation initiale n’en était pas éloignée, a été « Comment me faire accepter, faire reconnaitre mon sérieux par le personnel ». C’était une véritable interrogation. Mais ça s’est bien passé. Pour moi ce sont des professionnels, ils sont formés, compétents et je leur fait confiance ». Quoiqu'il en soit, nous n'avons pas de regret, souligne Coralie. Même si ce n'est pas facile, notre vie a changé. Nous habitons à côté de l'entreprise, nous n'avons plus à partir loin chaque jour, et notre petite fille a ses parents avec elle Qu’en est-il de l’entreprise aujourd’hui ? « Nous avons une progression de 40 pour cent en deux ans et nous avons embauché une cinquième personne. Nous allons installer une nouvelle fraiseuse numérique à plateau rotatif pour élargir notre gamme de machines dans l’intention d’aborder de nouveaux marchés. Nous sommes capables d’usiner des pièces de moyens et gros calibres, notamment une fraiseuse qui peut prendre des pièces jusqu’à 6 mètres de long par 200 mm. Elle est un peu la vitrine de l’atelier. En tournage on reste sur du calibre moyen, mais nous pouvons travailler des arbres de 500 mm. En terme de marchés, nous sommes sous-traitants dans des domaines variés pour des travaux de haute précision ». De futures embauches avec la nouvelle fraiseuse ? « On aimerait. Mais il est très difficile aujourd’hui de trouver des techniciens compétents dans nos métiers. Il n’y a pratiquement plus d’écoles et ceux qui y rentrent ne semble pas vraiment motivés. Du coup le décalage entre les formations et la réalité de l’entreprise est important. Nous allons avoir à remplacer deux personnes qui, dans les années à venir, vont partir en retraite. Et c’est un énorme souci ! Pourtant, c’est un métier plus rémunérateur que beaucoup d’autres. On est dans des techniques particulières ». |
commentaires